INTERVENTION
Rapport cadre sur la Politique Méditerranéenne
de la Région
Île de-France
Monsieur le Président, Monsieur
le Vice-président,
Chers Collègues,
Nous
avons lu avec grand intérêt le nouveau rapport cadre sur la politique
méditerranéenne de la Région.
J’ai
d’abord envie de dire « enfin » un dispositif relatif à la méditerranée…Au
regard de l’histoire de notre pays, il était plus qu’urgent que la Région investisse aussi des
moyens sur les pays avec lesquels elle a toujours tissé des liens.
Voici
un moment, en effet, que la question d’une action concertée et structurée de la Région dans la zone de la Méditerranée avait été
portée au débat. Que ce soit en commission des affaires internationales ou ici,
en Conseil Régional, nous étions nombreux à demander que la Région organise clairement une
action dans ce sens.
C’est
chose faite désormais, avec la présentation de ce rapport et l’on peut que s’en
réjouir sur la forme.
Il
cerne en effet assez justement l’importance que revêt la Méditerranée pour nos
pays européens et ceux d’Afrique du Nord et du Proche-Orient. Une vision
très communément admise de la
Méditerranée présente la mer comme une frontière entre l’Europe
et l’Afrique, une frontière entre le Nord et le Sud.
Et
pourtant, c’est une mer qui, avant de séparer des continents ou des
populations, a toujours été un formidable carrefour des civilisations. Historiquement,
cette « mare nostrum » a bien
plus souvent uni les différentes civilisations qu’elle ne les a opposées ;
les Grecs, les Romains, les Phéniciens, les Vandales, les Perses, les Arméniens,
les Maures, les Arabes, les Turcs, les Espagnols, les Français…tous sont passés
par ces terres berbères et ont contribué à l’enrichissement de ces vastes
espaces géographiques qui composent le bassin méditerranéen.
Cette
mer doit donc être considérée comme un espace riche, où plusieurs cultures et
religions se côtoient. Donc une mer qui nous rassemble.
L’immigration
ancienne et récente de différentes populations notamment en France, et en
particulier en Ile-de-France, nous rappellent cette histoire partagée, et
notamment cette période de l’Histoire où notre pays avait besoin de cette main
d’œuvre travailleuse pour reconstruire ce qui avait détruit par la bêtise
humaine.
Ces
héritiers de l‘Histoire constituent aujourd’hui pleinement un pan de
l’identité française. On dit souvent que
la France
d’aujourd’hui est une France diverse, mais ne l’a-t-elle pas toujours
été ?
Notre
région Ile-de-France abrite donc des franciliennes et des franciliens porteurs
de cultures différentes qui en font sa richesse et son charme.
Mais
que ce soient les partenariats culturels, les liens familiaux, les coopérations
commerciales ou encore les relations tissées au cours de voyages, beaucoup de
franciliens n’ont pas attendu l’action de la Région pour faire de ce carrefour historique
qu’est la méditerranée une interface dynamique et vivante.
Nous
nous félicitons donc de manière générale que la Région ait pleinement saisi
l’intérêt qu’elle a à s’investir dans le bassin méditerranéen, car aussi, il
faut se le dire clairement, les bénéfices en tous genres que peuvent en tirer
nos territoires et nos concitoyens ne sont pas négligeables.
Ce
rapport présente plus particulièrement le monde sud méditerranéen à la lueur
des luttes révolutionnaires qui secouent ces pays depuis plus d’un an
maintenant.
Le
rapport se veut ambitieux et les thématiques qu’il entend aborder sont nombreuses.
Nous sommes sensibles à cette volonté qui transparaît de couvrir de vastes
aspects des questions de société civile. On ne peut donc que se féliciter que
la promotion de l’égalité femmes hommes, de la francophonie ou encore de la
santé et l’appui institutionnel qui figurent dans les domaines d’interventions
prévus.
Cependant
un des domaines que notre groupe souhaite voir apparaitre, est la « préservation
et la promotion de la diversité culturelle » de ces territoires.
Car
si le principe de l’importance de la diversité culturelle est chose acquise en
Ile-de-France, en France et en Europe, pourquoi ne devrait-elle pas l’être dans
le bassin méditerranéen ?
Nous
ne devons pas occulter cette dimension culturelle, qui non seulement fait la
richesse de ces territoires, mais parce que et surtout, si nous souhaitons
accompagner, je cite, « le processus
de stabilisation démocratique » en cours dans ces pays, alors nous
nous devons de témoigner notre soutien aux populations qui se battent pour
exister tout simplement en tant que tel, et qui sont menacées car elles
demandent le droit à être reconnues en tant qu’individu porteur d’une culture
différente que celles qui sont proclamées comme « officielles » par
les différents gouvernements en place.
Des
gouvernements qui, vous venez de le rappeler, ne laissent aucune place à la
diversité et ne comptent pas forcément en faire à la démocratie.
Les
différentes communautés, culturelles et religieuses, sont constitutives de
l’identité collective des pays d’Afrique du nord. Nous le disons et l’affirmons
pour la France,
pourquoi ne pas en faire de même pour l’Afrique du Nord ?
Je
pense notamment aux sort réservés aux coptes et béjas d‘Egypte, aux assyriens,
aux populations juives d’Afrique du Nord, aux chrétiens arméniens, et notamment
aux populations berbères qui, malgré le fait d’évoluer sur des terres qui leur appartiennent depuis toujours, sont
considérées comme des populations minoritaires et sont opprimées encore chez
elles.
Notre
groupe considère donc que cette diversité doit être préservée si nous voulons
que la région méditerranéenne sorte grandie de ces révolutions. Nous avons donc
déposé un amendement qui va en ce sens et qui, j’en suis persuadée, emportera
l’unanimité de notre assemblée régionale au regard de son importance et de sa
cohérence.
Enfin,
nous rejoignons aussi le CESER lorsqu’il enjoint à la Région de réviser à la
hausse les effectifs qu’elle consacrera à ce projet. Allons au bout de nos
ambitions et mettons réellement les moyens nécessaires pour la mise en œuvre de
ce rapport qui nous apparait primordial dans la politique internationale que
notre Région doit mener.
Je
vous remercie.
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