lundi 5 mars 2012

INTERVENTION
Rapport cadre sur la Politique Méditerranéenne de la Région Île de-France



Monsieur le Président, Monsieur le Vice-président,
Chers Collègues,



Nous avons lu avec grand intérêt le nouveau rapport cadre sur la politique méditerranéenne de la Région.

J’ai d’abord envie de dire « enfin » un dispositif relatif à la méditerranée…Au regard de l’histoire de notre pays, il était plus qu’urgent que la Région investisse aussi des moyens sur les pays avec lesquels elle a toujours tissé des liens.

Voici un moment, en effet, que la question d’une action concertée et structurée de la Région dans la zone de la Méditerranée avait été portée au débat. Que ce soit en commission des affaires internationales ou ici, en Conseil Régional, nous étions nombreux à demander que la Région organise clairement une action dans ce sens.

C’est chose faite désormais, avec la présentation de ce rapport et l’on peut que s’en réjouir sur la forme.

Il cerne en effet assez justement l’importance que revêt la Méditerranée pour nos pays européens et ceux d’Afrique du Nord et du Proche-Orient. Une vision très communément admise de la Méditerranée présente la mer comme une frontière entre l’Europe et l’Afrique, une frontière entre le Nord et le Sud.

Et pourtant, c’est une mer qui, avant de séparer des continents ou des populations, a toujours été un formidable carrefour des civilisations. Historiquement, cette « mare nostrum » a bien plus souvent uni les différentes civilisations qu’elle ne les a opposées ; les Grecs, les Romains, les Phéniciens, les Vandales, les Perses, les Arméniens, les Maures, les Arabes, les Turcs, les Espagnols, les Français…tous sont passés par ces terres berbères et ont contribué à l’enrichissement de ces vastes espaces géographiques qui composent le bassin méditerranéen.

Cette mer doit donc être considérée comme un espace riche, où plusieurs cultures et religions se côtoient. Donc une mer qui nous rassemble.

L’immigration ancienne et récente de différentes populations notamment en France, et en particulier en Ile-de-France, nous rappellent cette histoire partagée, et notamment cette période de l’Histoire où notre pays avait besoin de cette main d’œuvre travailleuse pour reconstruire ce qui avait détruit par la bêtise humaine.

Ces héritiers de l‘Histoire constituent aujourd’hui pleinement un pan de l’identité  française. On dit souvent que la France d’aujourd’hui est une France diverse, mais ne l’a-t-elle pas toujours été ?

Notre région Ile-de-France abrite donc des franciliennes et des franciliens porteurs de cultures différentes qui en font sa richesse et son charme.

Mais que ce soient les partenariats culturels, les liens familiaux, les coopérations commerciales ou encore les relations tissées au cours de voyages, beaucoup de franciliens n’ont pas attendu l’action de la Région pour faire de ce carrefour historique qu’est la méditerranée une interface dynamique et vivante.

Nous nous félicitons donc de manière générale que la Région ait pleinement saisi l’intérêt qu’elle a à s’investir dans le bassin méditerranéen, car aussi, il faut se le dire clairement, les bénéfices en tous genres que peuvent en tirer nos territoires et nos concitoyens ne sont pas négligeables.


Ce rapport présente plus particulièrement le monde sud méditerranéen à la lueur des luttes révolutionnaires qui secouent ces pays depuis plus d’un an maintenant.

Le rapport se veut ambitieux et les thématiques qu’il entend aborder sont nombreuses. Nous sommes sensibles à cette volonté qui transparaît de couvrir de vastes aspects des questions de société civile. On ne peut donc que se féliciter que la promotion de l’égalité femmes hommes, de la francophonie ou encore de la santé et l’appui institutionnel qui figurent dans les domaines d’interventions prévus.

Cependant un des domaines que notre groupe souhaite voir apparaitre, est la « préservation et la promotion de la diversité culturelle » de ces territoires.

Car si le principe de l’importance de la diversité culturelle est chose acquise en Ile-de-France, en France et en Europe, pourquoi ne devrait-elle pas l’être dans le bassin méditerranéen ?

Nous ne devons pas occulter cette dimension culturelle, qui non seulement fait la richesse de ces territoires, mais parce que et surtout, si nous souhaitons accompagner, je cite, « le processus de stabilisation démocratique » en cours dans ces pays, alors nous nous devons de témoigner notre soutien aux populations qui se battent pour exister tout simplement en tant que tel, et qui sont menacées car elles demandent le droit à être reconnues en tant qu’individu porteur d’une culture différente que celles qui sont proclamées comme « officielles » par les différents gouvernements en place.
Des gouvernements qui, vous venez de le rappeler, ne laissent aucune place à la diversité et ne comptent pas forcément en faire à la démocratie.

Les différentes communautés, culturelles et religieuses, sont constitutives de l’identité collective des pays d’Afrique du nord. Nous le disons et l’affirmons pour la France, pourquoi ne pas en faire de même pour l’Afrique du Nord ?

Je pense notamment aux sort réservés aux coptes et béjas d‘Egypte, aux assyriens, aux populations juives d’Afrique du Nord, aux chrétiens arméniens, et notamment aux populations berbères qui, malgré le fait d’évoluer sur des terres  qui leur appartiennent depuis toujours, sont considérées comme des populations minoritaires et sont opprimées encore chez elles.

Notre groupe considère donc que cette diversité doit être préservée si nous voulons que la région méditerranéenne sorte grandie de ces révolutions. Nous avons donc déposé un amendement qui va en ce sens et qui, j’en suis persuadée, emportera l’unanimité de notre assemblée régionale au regard de son importance et de sa cohérence.

Enfin, nous rejoignons aussi le CESER lorsqu’il enjoint à la Région de réviser à la hausse les effectifs qu’elle consacrera à ce projet. Allons au bout de nos ambitions et mettons réellement les moyens nécessaires pour la mise en œuvre de ce rapport qui nous apparait primordial dans la politique internationale que notre Région doit mener.


Je vous remercie.


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